Sumba fait partie des
Petites Îles de la Sonde et couvre une surface d’environ 11.000 km², soit à peu près deux fois la taille de Bali. Avec
ses quelques 715 000 habitants (2017), Sumba ne représente
grosso modo qu’un sixième de la population de Bali. Bien que Sumba
se situe à moins de 100 km de la côte sud de Sumbawa et
Florès, d’où on peut l’apercevoir, elle en est très
différente.Contrastant avec les hauts volcans qui parsèment beaucoup d’autres îles indonésiennes, la topographie de Sumba est plutôt vallonnée, culminant à 1 225 m. D’un point de vue géologique, il s’agit d’un microcontinent qui s’est détaché de l’Afrique ou de l’Australie et a flotté
jusqu’au bord de la chaîne volcanique des îles indonésiennes.
Sumba est composée principalement de calcaire corallien et on ne
trouve de roches volcaniques que sur sa côte sud. L’île n’a pas
vraiment de ressources minérales, mais des forages dans le Parc
National de Wanggameti ont permis de découvrir de l’or en 2010.On n’y trouve pas de
verdure luxuriante. Le nord et l’est de l’île sont très arides
et le paysage n’est pas sans rappeler la savane. Dans les espaces
découverts, les intempéries et le vent ont en partie dénudé la
roche déchiquetée. Dans la région montagneuse du centre, les
collines sont recouvertes d’herbe alang-alang. Au sud et à
l’ouest, il y a de la verdure, mais on ne trouve réellement de
végétation tropicale humide que dans les vallées et sur le versant
sud des montagnes. Environ 7 % de la surface de Sumba est
recouverte de forêt primaire.
Climat
Le climat de Sumba est semi-aride. L’est de l’île en particulier est caractérisé par son climat nord-australien chaud. La saison sèche dure de mai à octobre. De novembre à avril, il peut y avoir de la pluie. La mousson ou saison des pluies dure environ 3 mois à l’est à jusqu’à 5 mois à l’ouest. Les précipitations varient de 800-1000 mm par an dans le nord-est de l’île, à 1000-1500 mm au centre et jusqu’à 1500-2000 mm dans le sud-ouest.
De juin à
août, le fort vent sec australien contribue aussi à assécher
les sols. À cause du dérèglement
climatique, la quantité et la durée de la mousson ont subi des changements
récemment.
Dans la partie est de Sumba, la température quotidienne moyenne est comprise entre 27 et 36° Celsius. À l’ouest, la moyenne est de 2 à 3 degrés inférieure. La température de nuit est bien plus basse qu’à Bali. De juin à août, elle peut descendre sous 15°C. Les températures les plus hautes sont atteintes juste avant les premières pluies d’octobre ou de novembre.
Il est considéré comme certain que le phénomène El Niño joue un rôle dans les changements climatiques. Il entraîne à sa suite des périodes d’extrême sécheresse, suivies ensuite de pluies diluviennes. Les rivières du sud sortent de leur cours à cause des crues qui détruisent les champs et les ponts.
Normalement, Sumba se situe plutôt en dehors des latitudes affectées par les cyclones. Mais cela aussi a changé. En avril 2021, le cyclone Seroja a profondément dévasté le sud-est de Sumba.
À cause des masses d’eau produites par la mousson, El Niño et les cyclones, les rivières du sud sortent souvent de leurs cours et détruisent les champs et les ponts. Récemment, des pénuries d’eau ont forcé la population du nord-est de Sumba à abandonner certains villages, traditionnels ou plus récents. Dans cette région, les habitants dépendent de l’aide internationale en permanence.
La meilleure période pour voyager pour les amateurs de nature est de mars à juin, après la mousson, lorsqu’il ne pleut plus et que le paysage est encore vert, ainsi qu’en octobre et novembre, quand la nature reverdit un peu grâce aux pluies éparses. Si vous prévoyez de voyager sur le très long terme, je vous conseille d’éviter les années qui connaissent un effet El Niño.
Les vagues de certaines plages de la côte sud sont trop fortes pour nager de juillet à septembre.
À cause de la spécificité du climat, l’eau est un élément très important pour les habitants de Sumba. Si vous lisez des brochures de voyage des autorités locales de Sumba, mieux vaut les prendre avec des pincettes quand on vous y parle de grands lacs et de grosses cascades. Mais le paysage est d’un beau vert partout.
Agriculture
Agriculture traditionnelle
Malgré sa relativement faible densité de population, les Sumbanais ne peuvent aujourd’hui
vivre que partiellement de leurs propres cultures. Dans les régions
arides du nord-est et sur les hautes plaines, on ne peut rien
cultiver. On ne trouve que de petites zones agricoles dans les
vallées et le long des rivières. Le seul bétail se compose de
poneys de Sumba et, surtout, de vaches brahmanes indiennes.
Les produits agricoles des autres régions de Sumba sont, par ordre alphabétique : l’areca (noix de bétel), les cacahuètes, le cacao, le café robusta (dans les plaines), la canne à sucre, le cassave (manioc, singkong, ubi kayu), les clous de girofles, le jarak (huile de jatropha), le kapok, le maïs, les noisettes, les noix de cajous, les noix de cocos, les patates douces, le riz, le soja, le sorgho (millet), le tubercule de sagittaire (ubi keladi), et la vanille. Outre les poneys de Sumba et les buffles d’eau, on trouve principalement des vaches brahmanes indiennes, des chèvres, des cochons et de la volaille.Les
techniques agricoles sont traditionnelles. Une
grande partie du travail est faite à bras d’homme ou à
l’aide de poneys de Sumba et de buffles. Les autorités régionales
veulent réduire les sacrifices rituels d’animaux, en particulier
les sacrifices de buffles, car il y a un besoin urgent de ces animaux
pour labourer les champs. En 1987,
elles ont passé un décret qui interdit de sacrifier plus de cinq
animaux à la fois. Récemment, la région du Sumba occidental a décidé d’autoriser le sacrifice d’un maximum de trois animaux par célébration, mais les exceptions sont nombreuses.
Tout le long des côtes de Sumba, la pêche est plus ou moins intensive. De nos jours, les pêcheurs sont majoritairement des immigrés venus de Sumbawa, Ujung Padang (Makassar), Lombok et Savu. Les pêcheurs des îles voisines qui ne viennent là que pour pêcher dans les eaux sumbanaises ne sont souvent pas les bienvenus. Les gens disent qu’ils pêchent à la dynamite et au cyanure et qu’ils mettent le poisson dans du formol. Les meilleures périodes pour la pêche sont pendant la mousson en début d’année et à partir d’août.Les
algues (rumput laut) sont cultivées dans toutes les eaux calmes et
peu profondes de l’est de Sumba. Pour ce type de culture, on fixe des pousses
d’algues sur des cordes que l’on attache ensuite sous l’eau
avec une ancre ou qui pendent entre des bouteilles plastiques
flottant à la surface de l’eau. La récolte se fait plusieurs fois
par an. Une fois arrivée à maturité, on en tire l’agar-agar ou
bien on s’en sert pour nourrir les animaux ou comme engrais
naturel. Cette activité économique a considérablement augmenté
récemment, ce qui a malheureusement un impact écologique négatif
sur les zones d’eau peu profonde: l’eau se trouble et les
poissons perdent leur habitat. La pêche n’est donc devenue qu’une
pratique secondaire dans ces régions, quand elle n’a pas
complètement disparu. Les recettes encourues par la vente d’algues
sont aussi meilleures que celle de l’agriculture. En conséquence,
les terres agricoles sont délaissées en faveur des monocultures
d’algues et les habitants migrent vers les côtes, où il n’y a
pas encore d’infrastructures ou d’écoles avant qu’ls s’installent. En 2015, l’El Niño a temporairement freiné cette activité en
causant une baisse des récoltes d’algue. En 2021, les hautes vagues causées par le cyclone Seroja ont détruit les cultures d‘algues du sud-est de Sumba.
Conjointement
à cette agriculture marine, on récolte la sargasse, une sorte d'algue brune.
Les sargasses ne sont pas à proprement parler plantées mais existent sous forme
d’herbe marine en grande partie flottante. Les algues et les sargasses sont des
matières premières qui servent par exemple à la fabrication d’emballages
blisters, d’émulsifiants, d’engrais et de shampoings.
Sumba est
régulièrement en proie à des invasions de criquets pèlerins. L'est de Sumba est
particulièrement touché. Les essaims de criquets arrivent avec la saison des
pluies et sévissent le plus fortement au tournant de l'année (l’invasion la
plus récente s’est produite en 2022/2023 dans le nord-est et l'est de Sumba).
Si une invasion est imminente, les agriculteurs préfèrent ne pas semer ou au
moins reporter les semis à plus tard pour éviter que leurs semences soient
dévorées par les criquets.
Les
Sumbanais produisent aussi du sel à partir des sables salés des
lagons, à l’aide de bois flotté.Les organismes d’aide
internationale tentent de convaincre les Sumbanais d’utiliser de
nouvelles méthodes agricoles et de diversifier le fourrage et les
cultures. Mais ces tentatives n’obtiendront pas de soutien de
l’État tant qu’elles ne généreront pas de profits pour les
autorités gouvernementales indonésiennes. S’ajoutent les échecs
fréquents de grands projets complexes d’irrigation, à cause de la
structure du système de propriété et de l’égoïsme local. Agriculture industrielle
À l’ouest de l’île, dans les districts de Wewewa Selatan et Kodi Bangedo, on cultive le clou de girofle sur d’immenses surfaces de terre. Le giroflier est une plante qui s’accorde bien des pluies naturelles.
À l’est de l’île, la culture de
la canne à sucre fait ses débuts grâce à l’irrigation
artificielle. Au niveau gouvernemental, le projet est de rendre
l’Indonésie autosuffisante en sucre. Les investisseurs étrangers
ont reçu les titres de propriété foncière nécessaires. Il y a 6
régions dédiées à la canne à sucre au Sumba oriental. En
arrivant par avion à Waingapu, on peut clairement distinguer deux
d’entre elles : au nord, Napu, et au sud, Wanga. Pour aplanir
les terres vouées aux plantations de canne à sucre, on rase les
collines et on comble les vallées. On construit d’immenses
réservoirs, scellés par un film plastique. L’eau est tirée des
rivières ou pompée dans de profonds puits. Cela peut se justifier
tant qu’il n’y pas d’autres cultures en opération. Les droits d’accès à l’eau des parties concernées (investisseurs étrangers et agriculteurs locaux) n’ont pas été définis. Dans certaines régions où la canne à
sucre est en concurrence avec d’autres systèmes agricoles,
lorsqu’une culture utilise de l’eau, c’est au détriment des
autres. Bien souvent, la quantité d’eau ne suffit pas à la fois
aux besoins de l’agriculture conventionnelle et à ceux des
nouveaux projets.
Aujourd’hui, de nombreuses rivières se tarissent bien
avant d’atteindre la mer. Leurs affluents et les pâturages adjacents
s'assèchent. Les agriculteurs locaux commencent déjà à manifester dans les
régions affectées.
Là où la quantité d’eau ne suffit pas aux besoins des plantations sucrières, on plante du jatropha (ou jarak), un arbuste utilisé dans la production de biocarburants. De mon point de vue, les résultats de cette culture dans la région de Napu sont plutôt décourageants. De Wanga jusqu’au sud, ils semblent assez positifs.
Population
Du fait des opportunités
de revenu liées à l’agriculture, la partie occidentale de l’île
est plus peuplée que la partie est. À Sumba, la plupart des
habitants descendent d’ancêtres malais et de mélanésiens. Les
zones sud-est de l’île ont aussi accueilli des immigrés du Timor
et de Savu, et des musulmans venus de Sumbawa, d’Ujung Padang
(Makassar) et même d’Arabie (Palestine) se sont installés sur les
côtes nord-ouest. L’occupation coloniale, portugaise en
particulier, a aussi laissé des traces. Le Sumbanais en tant que tel
n’existe pas en apparence.Les Savunais, de l’île
de Savu, sont le groupe ethnique non sumbanais le plus large et le
plus influent. Ils cherchent à obtenir plus d’autonomie et leur
propre district administratif au Sumba oriental, avec Melolo pour
capitale.Du fait
de l’œuvre missionnaire du Portugal, des Pays-Bas et de
l’Allemagne, environ 64 % de la population est chrétienne
(dont 3/4 de protestants et 1/4 de catholiques), 6 % sont
musulmans et 30 % pratiquent principalement la religion
traditionnelle marapu (mais les statistiques varient très
largement). L’œuvre missionnaire des rédemptoristes allemands et
de l’Église néerlandaise se poursuit de nos jours. Les Sumbanais
critiquent souvent ouvertement les autres peuples et religions.
L’envoi par le gouvernement central indonésien d’émissaires officiels de la foi musulmane à Sumba vient aussi perturber l’harmonie de la cohabitation. L’Arabie saoudite et l’Europe, elles, ne font qu’envoyer de l’argent, beaucoup d’argent : partout on construit des mosquées et des églises.
Les enfants constituent à
peu près la moitié de la population. Le taux de naissance à Sumba
augmente constamment. La plupart des familles ont huit à dix
enfants. « Beaucoup d’enfants, c’est autant de
bénédictions » : une expression qui semble se confirmer
car les enfants sont d’une grande aide à leurs parents,
généralement en travaillant dans les champs et en allant chercher
de l’eau. À l’âge adulte, les filles reçoivent une dot :
buffles, poneys, vaches.Il y a aussi des projets
de transmigration (Transmigrasi) et de développement local (Area
Development Programs) à Sumba. Partout de nouveaux villages sont en
construction. Une partie de ces villages sont construits dans des
régions inhabitées, constitués de quelques centaines de maisons
alignées, d’une école et d’une nouvelle route. Mais d’autres
naissent aussi au sein ou autour de villages existants. Les nouveaux
arrivants viennent principalement de Sumatra, Java, Sumbawa et du
Timor. Bien souvent, la religion et le mode de vie des immigrants diffèrent de ceux des habitants établis, et les problèmes
d’adaptation sont inévitables. Ces villages dans le nord et le
nord-est arides laissent souvent une impression de pauvreté et de
désespoir. Nombre d’entre eux ont été complètement abandonnés
(Lenang, Waiurang). Dans le sud de l’île, l’intégration
économique et sociale des nouvelles populations semble plus réussie.
En tout cas, jusqu’à 90 % des fermes des nouveaux villages
sont en opération au bout d’une période de dix ans (comme je l’ai
constaté dans les villages de Kuruwaki et Hobajangi).L’Australie a mis en
place une politique d’immigration et d’accueil des réfugiés
très restrictive en 2014. Les boat-people en chemin vers l’Australie
sont interceptés et expulsés par la Marine australienne. Les
réfugiés viennent de pays entiers asiatiques et arabes. Sumba sert
d’escale à de nombreux migrants. Avec l’aide financière de
l’Australie, le gouvernement du NTT (les Petites Îles de la Sonde
orientales, Nusa Tenggara Timur
en indonésien) projette de construire un camp d’internement ou de
concentration à Sumba, dans la région de Gaura. Apparemment, le
terrain a déjà été acheté. Avec le changement de gouvernement en
Australie, il est possible que ce projet ne soit pas mené à bout.
Politique
Sumba est divisée en quatre districts administratifs. Outre le Sumba oriental, il y avait à l’origine l’ancien district du Sumba occidental, qui a été divisé en trois districts distincts en 2006 : le Sumba occidental, le Sumba central et le Sumba du Sud-Ouest. Ces deux derniers sont en train d’ériger des centres administratifs monstrueux, rappelant le socialisme, sur des terres planes. Au Sumba oriental, central et occidental, on construit de nouveaux ports qui, d’un point de vue technique, ne pourront jamais être opérationnels ou ne sont pas rentables économiquement. Mais c’est clairement important pour leur identité.Les
programmes des quatre districts administratifs de Sumba se
ressemblent. Voici quelques uns de leurs objectifs politiques :
- développer la
société en une communauté moderne
- subvenir aux besoins
élémentaires
- produire et commercialiser des produits pour
renforcer l’économie
- améliorer le système de santé pour
tous les niveaux de la société
- améliorer l’enseignement
publique et le système éducatif
- réduire la mortalité
maternelle et infantile
- améliorer la situation
nutritionnelle
- développer l’économie
- améliorer les
infrastructures
- développer le secteur du tourisme comme modèle
pour les autres secteurs
- développer les partenariats entre les
institutions religieuses et les autres institutions
sociales
- promouvoir la coopération avec les ONG (Organisations
non gouvernementales)
- promouvoir une transparence verticale du
gouvernement mutuellement acceptable
- renforcer l’État de droit
et un maintien de l’ordre public strict
- préserver les
ressources naturelles pour qu’elles profitent au maximum à la
population
Enfin,
les programmes appellent à une administration plus compétente, plus
transparente, et moins corrompue. Les Sumbanais disent souvent que
leur île a le plus haut niveau de corruption de toute l’Indonésie.Souvent les décisions
sont fondées sur le modèle de Bali, surtout en ce qui concerne
l’économie. Il ne paraît pas y avoir de ligne directrice
distincte, propre à Sumba, dans la politique locale. L’argent
semble être le seul moteur d’action.Un exemple qui montre que
l’île est en passe d’être vendue est la vente non régulée
voire subventionnée de terres à de non Sumbanais. En espérant que cela ne mène pas à la disparition de la culture si spécifique
de l’île.
Langue
L’isolation prolongée
de nombreuses parties de l’île et l’économie de subsistance ont
donné naissance à une grande diversité culturelle et linguistique
au sein de la population sumbanaise. Dans les années 50,
l’administration indonésienne considérait les langues locales
comme des langues féodales et le bahasa
Indonésie
comme la langue de
la nouvelle démocratie. Cela eut peut d’effet : dans les
campagnes en tout cas, les Sumbanais se parlent dans leur langue
régionale. Même à l’extrême opposé, à la radio locale du NTT,
on entend de plus en plus de chansons en langues régionales.
En plus de la langue nationale, le bahasa
Indonésie, on compte six
langues régionales à Sumba, désignées sous le nom commun de
bahasa daerah ou bahasa Sumba. Au Sumba occidental, elles sont toutes
très distinctes. Au Sumba oriental, il n’y a qu’une seule
langue, mais déclinée en de nombreux dialectes locaux. Il n’existe
de dictionnaire pour aucune des langues locales, qui sont transmises oralement. Certaines, comme à Wanukaka et Lamboya, sont parlées
par moins de 50 000 personnes.Quelques mots sont communs
à toutes ces langues: eau = wai ou wee, homme = umbu et femme =
rambu.En plus
des langues locales s’ajoutent les langues des immigrants (voir
plus haut). Ainsi, dans les zones côtières, les habitants parlent
leur propre langue entre eux, le bahasa daerah local avec les
villages voisins et le bahasa
Indonésie
avec l’administration. La
communauté majoritaire du lieu détermine la langue commune.
Beaucoup d’enfants ne commencent à apprendre le bahasa
Indonésie
qu’à l’école… et souvent ils parlent mieux l’indonésien
que leurs parents.De temps en temps, il y a
d’énormes conflits entre les villages, surtout à l’ouest de
l’île. Ceci s’explique parfois simplement par les différences
linguistiques : ils n’arrivent pas à se comprendre !L’anglais n’est utile
que dans les villes. Si vous ne parlez pas le bahasa
Indonésie, vous
aurez des problèmes de compréhension dans le centre de l’île.
Même en parlant indonésien, vous aurez peut-être des difficultés
à l’intérieur des terres. Par contre, si quelqu’un parle un peu
anglais, il fera tout pour vous parler.Voir aussi quelques
remarques dans le chapitre S’orienter à Sumba.
Santé
Dans la plupart des
régions de Sumba et hors des trois grandes villes, les gens vivent
sans accès à l’eau potable. L’eau est souvent pompée
directement dans les rivières, puis distribuée et vendue par des
camions citerne. Les puits sont rares et souvent difficiles à
construire car le sol est argileux. De nombreux villages n’ont pas
de toilettes du tout.L’exemple suivant
illustre bien l’attitude de la population envers les problèmes de
santé : les moustiquaires fournies par l’ONU sont souvent
utilisées comme filets de pêche ou pour protéger les plantes des
oiseaux ou de la volaille.
Dans les campagnes, de
nombreux centres de santé publics (PUSKESMAS) n’ont parfois même pas ou très
peu d’employés. Par exemple, un immense hôpital récemment construit en
face de la place de la Pasola à Lamboya est complètement vide faute de personnel. Certaines zones ne sont desservies que par une unité de soins mobile dont la présence est intermittente (PUSKESMAS-Keliling). La malnutrition est largement répandue. Le taux de mortalité infantile est l’un des plus élevés au monde. Et il est difficile d’obtenir des médicaments.Les
ressources de Sumba sont limitées. Quand les récoltes sont
mauvaises, les familles les plus pauvres n’ont pas de quoi manger.
Ces dernières années, le gouvernement central a dû mettre fin à
l’approvisionnement de secours destiné à pallier aux récoltes
déficitaires à cause de la crise économique. Néanmoins, de
nombreux villages reçoivent en permanence des portions minimes de
riz afin de survenir à leurs besoins élémentaires. Mais la
livraison est souvent irrégulière et la distribution ne semble pas
toujours équitable.>Une étude statistique de
2005 a recensé environ 38 docteurs, 84 infirmières et 133
sages-femmes pour 100 000 personnes à Sumba. En plus des
professionnels de la médecine conventionnelle, on compte un grand
nombre de shamans. Il y a dix-sept centres médicaux pour 100 000
personnes. D’après les statistiques, 30 % des patients sont
traités pour des maladies infectieuses, 21 % pour la malaria,
13 % pour des blessures corporelles, 10 % pour des maladies
de la peau, 26 % pour d’autres maladies.Les
effets de la faim sont visibles partout. Dans tous les villages, on voit des bébés qui ne peuvent pas lever la tête à l’âge d’un an, des enfants qui à dix ans ont la taille d’un enfant de six ans et de nombreux enfants présentant divers symptômes de malnutrition
(source : Sumba Foundation).Les Sumbanais qui
travaillent à Bali ne ramènent pas seulement de l’argent, mais
aussi le VIH. Un problème rendu visible ces derniers temps par une
campagne affichée sur des panneaux publicitaires.Le mode de vie
traditionnel isolé, où chaque clan vit dans son propre village et
se mélange rarement aux habitants des villages voisins, pose
certaines difficultés. La consanguinité est un problème connu et
visible.
La covid-19 s’est principalement répandue dans les villes, et n’a pas vraiment affecté les zones rurales. En réaction aux restrictions de circulation imminentes, de nombreuses personnes se sont vaccinées ou bien, parce que c’était moins cher, ont acheté un certificat de vaccination. Tous les foyers n’ont pas reçu l’allocation covid de 10 000 roupies par jour et par famille prévue par le gouvernement.
Éducation
Sumba fait partie des
régions qui sont laissées un peu à l’abandon, à cause de sa
distance avec la capitale, de son modeste nombre d’habitants, et de sa faible densité de population. À Sumba, seuls un peu plus de la
moitié des enfants commencent l’école. Parmi eux, 50 %
seulement réussissent à finir leur éducation élémentaire. Dès
qu’un enfant peut contribuer au revenu de ses parents, l’école
passe au second plan. Un nombre important d’enfants
particulièrement forts physiquement et qui ont de bonnes compétences
pratiques doivent rester au village pour aider leurs parents à la
maison et dans les champs. Il n’y pas d’argent pour l’éducation.
Et l’école se trouve souvent à plus d’une heure de trajet.Au secondaire, on enseigne
beaucoup de connaissances pratiques, tels que des savoir-faire
techniques, biologiques et médicaux utiles à la vie du village.
L’implantation des écoles secondaires dépend de la densité de
population et de la demande : elles sont donc rares et se
trouvent souvent très loin des villages des enfants, qui ne peuvent
donc pas rentrer chez eux tous les jours.Les lycées n’existent que dans les villes. Le cursus y est excellent, mais seuls les enfants qui ont de la famille en ville pour les héberger peuvent se permettre une telle éducation. Quand elles le peuvent, les familles de classe moyenne envoient leurs enfants en internat à Yogyakarta, Malang ou à Bali.Sans éducation scolaire
et sans bonne connaissance de l’indonésien, les enfants ont moins
de chance d’avoir un bon avenir. Tous les enfants d’une même
famille n’héritent pas des terres de leur père. Les enfants sans
terre et sans éducation se retrouvent généralement sans emploi.
Emploi et chômage
Sumba est l’une des cinq
provinces les plus pauvres des 30 provinces d’Indonésie. Une large
portion de la population vit d’agriculture vivrière. Les habitants
dépendent des ressources naturelles de l’île et n’ont que de
rares opportunités de vendre leur surproduction sur les marchés.
Les données officielles sur le taux de pauvreté ne nous disent pas
grand-chose (elles varient de 28 à 85 %). Environ 70% des travailleurs ne détiennent pas de poste fixe.
Les problèmes économiques causés par la pandémie ont accentué la pauvreté de nombreux Sumbanais. Cela peut se voir dans la rue, notamment avec ces trois exemples : les queues chez les prêteurs sur gage (Pegadaian) se sont allongées, il y a un essor de la vente de deux-roues d’occasions car les gens se trouvent forcés de vendre leurs motos, et on voit de plus en plus de vendeurs ambulants ne proposant rien d’autre que quelques bouteilles de carburant.
Pour la majorité de la
population, il n’y a aucune opportunité de développement
économique hors du village à cause du manque d’emploi dans les
territoires intérieurs. Pour ceux qui ne peuvent pas trouver de
travail à Sumba, Bali représente un premier espoir et la Malaisie
un paradis convoité pour ses niveaux de salaire plus élevés et sa
forte proximité linguistique (bahasa Melayu).Les
hommes ne sont pas les seuls à pouvoir trouver du travail hors de
Sumba. Quantitativement, il y a une grande proportion de femmes qui
travaillent comme femmes de chambre, principalement en Malaisie. Le fait que des femmes travaillent et subviennent aux besoins de leurs maris et de leurs familles et les réalités du travail à l’étranger, sont des sujets controversés (voir les
problèmes causés par le VIH au chapitre Santé.Ces derniers temps, il y a
eu des cas de mineurs vendus en Malaisie par des agences d’emploi.
Ils se servaient des cartes d’identité de leurs frères, sœurs ou
cousins plus âgés comme preuve de leur âge.
Écologie
et environnement
J’évoque les sujets
environnementaux, lorsqu’ils sont pertinents, sur différentes
pages de ce site. Je suis conscient que les questions écologiques
qui suivent sont sans doute secondaires par rapport aux problèmes
que les habitants de Sumba rencontrent actuellement.D’après la faune et la flore de Sumba, WWF (World Wildlife Fund) classe l’île comme une écorégion de forêt décidue. On y trouve un mélange de plantes et d’animaux d’origines asiatiques, australiennes et océaniques. À l’origine, la partie nord de l’île était une forêt tropicale décidue, alors que le sud était une forêt équatoriale sempervirente qui n’avait pas de saison sèche distincte. La forêt au nord a été presque entièrement abattue.
Celle du sud est partiellement préservée, par exemple dans les
régions montagneuses de Jawila, Tanah Daru et Wanggameti.Il y a
plusieurs mammifères sur Sumba, mais l’île est surtout très
riche en oiseaux, dont on compte sept espèces endémiques. On y
trouve quelques autres oiseaux qui n’existent qu’à Sumba et sur
des îles voisines. Parmi les espèces endémiques, quatre sont
menacées : le ptilope à nuque rouge, le turnix de Sumba, le
cacatoès soufré et le calao de Sumba. Vivent aussi sur l’île
d’autres oiseaux typiques des tropiques, en particulier dans les
forêts du sud. Dans les montagnes et sur les côtes, on trouve
beaucoup d’aigles, de pélicans, et d’oiseaux migrateurs venus
d’Australie.Pendant la saison sèche, les plaines et les méandres des rivières coulant vers le sud et les forêts protégées du sud forment une vaste réserve d’eau. L’essor de la population et l’expansion des aires cultivées, et donc l’augmentation de la consommation en eau et la déforestation qui s’ensuivent, posent un risque majeur pour la vie animale et végétale de l’île. On continue pourtant d’abattre les forêts, bien que le gouvernement l’ait légalement interdit. D’après la loi en vigueur, toute nouvelle construction doit être faite en bambou ou avec du bois importé d’autres îles.
Le sol
de Sumba se compose principalement de calcaire poreux et l’eau
filtre dès que la couche d’humus est trop fine. Il faut donc
adapter les programmes d’irrigation en conséquence, afin de
préserver les nappes phréatiques.
L’augmentation massive
de la production d’algue à agar-agar en eaux peu profondes y a
chassé le reste de la faune et de la flore.Afin de protéger la nature sumbanaise, les autorités ont désigné deux parcs nationaux en 1998 : le Parc national de Laiwangi Wanggameti et le Parc national de Manupeu Tanah Daru. Ces deux parcs fonctionnent désormais ensemble sous le nom de "Matalawa". Soyez bien conscients qu’on ne sera pas aux petits soins pour vous dans ces parcs comme dans ceux d’Amérique du Nord. À Laiwangi Wanggameti en particulier, il n’y absolument aucune infrastructure. En plus de ces deux parcs, on trouve de nombreuses réserves naturelles.Il y a moins de déchets plastiques sur les plages de Sumba que dans les zones densément peuplées de l’Indonésie. Les plages au nord de Waingapu sont abondamment recouvertes de déchets. Les plages du sud sont propres.Le district administratif de Sumba Barat a lancé un programme de traitement des ordures. De nombreux espaces publics et touristiques ont été équipés de conteneurs à déchets. Les lieux touristiques, en tout cas, sont devenus bien plus propres.
Sur une partie des plages, on peut observer des changements dus à la montée des eaux ou à l’influence accrue de la mousson. À l’est de l’île, certaines plages reculent de jusqu’à un mètre par an. On observe aussi un déclin à Tarimbang.